dimanche 31 janvier 2021

J’irai cracher sur votre tombe Virginie Grimaldi (pour de faux!)

 « J’irai cracher sur la tombe de Virginie Grimaldi »


Hier je me suis fait censurer puis exclure d’un groupe littéraire fort couru : 


« La fureur de lire » c’est plus de 14000 inscrits et jusqu’à 300 posts par jour. Une mine ! 


Mon crime ? Avoir écorné la réputation d’une des auteurs chouchous du lieu, la spécialiste du best seller Chichiteux que même ta grand-mère trouve gnangnan : Virginie Grimaldi.


Notez que je n’ai rien contre Virginie Grimaldi. Mais que je n’ai rien pour non plus. Je n’exclue pas un jour de la lire. Par exemple en cas de fin du monde quand, bloqué au fond d’une cave humide je n’aurais plus que « il est grand temps de rallumer les étoiles » sous la main. Et que j’aurais suffisamment de stock de PQ pour ne pas succomber à la tentation de sacrifier quelques pages du roman sur l’autel de l’hygiène de mon fondement. 


Non je n’ai rien contre Virginie Grimaldi : 


Je n’ai rien contre les hortensias nains et ne nourris aucune animosité contre ces mollusques visqueux et placides qu’on appelle « les concombres de mer » mais qui ressemblent en réalité, toute pudeur mise à part, à de gros étrons.


Autant dire que je n’ai vraiment  rien non plus contre Mme Grimaldi ni contre le censeur anonyme (et vraisemblablement petainiste priapique) qui m’a lourdé du groupe sans un mot ni un réquiem. 


Mon post avait eu le malheur d’être populaire. 400 like et une avalange de commentaires criant au génie drolatique. Je voyais déjà des lectrices émues me réclamant mon adresse postale pour m’envoyer leurs derniers manuscrits. Des histoires de femmes de province sentimentales cherchant l’amour outre Quievrain avec un farceur chauve et poilu. Les sous-vêtements usagés auraient suivi par Chronopost. Car il faut bien donner un parfum à la romance épistolaire. 


J’ai donc été censuré. Finies les correspondances amoureuses prometteuses. Finis les chronopost sentant la rose. 


Ce matin je suis entré dans la légende des grands crucifiés de la littérature, entre Boris Vian et son « j’irai cracher sur vos tombes » et Baudelaire et sa condamnation pour outrage aux bonnes mœurs pour les poèmes licencieux des Fleurs du mal. 


Crucifié, vilipendé, à demi-humilié par ce concombre de mer de Grimaldi, ma plume vigoureuse et acide bande encore.


Tremblez furieux de la littérature vous êtes tombés sur plus jobards que vous !


PS : au coin du feu je vous livre la réponse de la modératrice qui est arrivée avec beaucoup  de retard alors que sur le forum des lecteurs une petite fronde a lieu pour dénoncer mon exclusion



vendredi 29 janvier 2021

La nature me manque - ou la biche le scout et Emile Louis

 « La nature me manque »


Ce matin je discutais l’air de pas y toucher avec un ami gothique qui vit en pologne (un de ceux qui monte la nuit sur son toit pour observer le vol noir des corbeaux en hurlant à la lune...). Et soudain je lui lâche comme ça « Michael, la nature me manque ». C’est sorti de ma bouche aussi vite Qu’un postillon covidé. J’ai regardé autour de moi, cet intérieur bourgeois confortable, cette cheminée hors de prix où l’on cuit des brochettes de marcassin en pensant aux végans en train de croquer un radis, ma bibliothèque pleine de livres dont l’intégrale de Marc Lévy reliée en cuir de biche...et le pied de lampe avec lequel  j’assomme mes enfants quand ils ramènent des mauvaises notes de l’école. J’ai regardé tout cela et je me suis dit « oui la nature me manque c’est sûr ! »


 Ah l’odeur de la bouse de vache au petit matin ! Je suis sûr que vous aussi vous vous êtes surpris deja, la narine frémissante, à penser, en toute mauvaise  Conscience, que ça sent bon la merde...


Ah le crapaud sec en parchemin écrasé sur le bitume ! Que vous jetez sur votre épouse goguenard parce que vous êtes un fripon et qu’il faut bien lui faire aimer la nature à son tour ! 


Ah la carcasse de mouton mort qui donne la nausée et qu’on sent à six lieux de là... Mais qui va vous permettre de retrouver votre chemin « à la narine » quand vous vous serez égarés dans les bois...


ahh les chasseurs cretins qui veulent te tirer dessus parce qu’à 85 ans tu vois, un Boris et une biche c’est voisin... 


Ah  les scouts perdus qui errent dénutris dans les taillis épais où ces cons ont voulu construire une cabane en bois dans le brouillard ... Et  Émile Louis en ballade avec un grand sac et une pelle..et le groupe de scout qui crie que Jojo il a disparu depuis ce moment où on a croisé le grand monsieur avec une pelle...


Oui j’aime la nature 


Mais vous voyez c’est un amour immodéré fait d’un festival de boue gluante (celle qui passe pas à la machine et qu’il faut gratter avec les ongles pour l’enlever. Et vous avez déjà vu un ongle à vif saigner vous ??), d’une bonne rasade d’herbe urticante (la démangeaison part de la cheville et remonte si haut que je dois censurer mon propos car il y a des gratouilles indicibles), et d’une bonne engueulade en famille quand vos deux enfants finissent sur votre dos à la fin parce que vous n’avez pas tourné au bon endroit quand vous avez croisé le tumulus avec le monsieur à la pelle en train de tamiser son vraisemblable château de sable.


Oui j’aime la nature.


Mais bien sûr la Covid est le synonyme de privation. Et puis parfois je me sens calviniste : je vois comment je pourrais me faire du bien en copulant avec la nature dans un lyrisme sans borne, nu, poilu, hirsute enfin, les pieds dans un marécage à sec....celui de la photo par exemple. 


je vois comment je pourrais me faire du bien donc et je renonce. Calviniste même pas en Calvin Klein.


Jogging charentaise je reste chez moi. J’aime la nature mais de loin


lundi 25 janvier 2021

Voir tes jambes et mourir

 « Voir tes jambes et mourir »


L’homme qui aimait les femmes c’était Truffaut lui-même. Dont on se demande parfois s’il n’a pas fait du cinéma pour dire à l’infini sa passion des femmes, lui qui aima ses actrices fétiches sans modération, orienté par son désir, lui même boussole de sa créativité.


Ce cinéroman n’est plus édité. J’ai dû le trouver via les sites de vente à distance. Le livre parle de cet homme, un ingénieur en aéronautique solitaire et sensuel, Bertrand Morane, qui multiplie les conquêtes et écrit un roman confession pour tenter de comprendre son amour des femmes. 


Geneviève, l’éditrice qui va tomber amoureuse de lui à son tour, parle du roman écrit par Bertrand Morane comme d’un livre d’histoire sur les relations hommes femmes au 20eme siècle et non comme le roman d’un Don Juan. 


Elle annonce d’ailleurs des relations plus égalitaires pour le futur, comme si Truffaut devinait que le temps des amoureux multiples était terminé, que l’émancipation des femmes était inexorable que les Casanova seraient bientôt cloués au pilori. 


Le livre et le film sont touchants, un parfum de vestige du cinéma du passé (aimera-T-on Truffaut dans cinquante ans?), avec la tendresse d’un réalisateur dont l’œuvre est autobiographique et composée de remémorations, avec aussi sa douce cruauté, vis à vis des femmes et surtout de lui même. 


Morane est un être égaré dans sa quête. Il découvre que la femme qu’il a le plus aimé est absente de son livre. Alors qu’elle est la clé de son obsession séductrice. Face à la douleur de la rupture son esprit a escamoté ce grand amour. 


Le livre, le film c’est la sensualité féminine portée au nue et sublimée. 


On se rappelle de l’ode aux jambes des femmes, ces « compas qui arpentent le globe en tout sens» ces jambes de femmes qui perdent un Morane fétichiste qui finit par choir de son lit d’hôpital pour tenter de mieux apercevoir celles de l’infirmière de garde à son chevet d’accidenté. 


Chercher la femme, voir les jambes, trouver la mort.


lundi 18 janvier 2021

Bacri est mort et Le Pen s’est marié

 « Le Pen s’est marié et Bacri est mort »


S’il fallait résumer l’absurdité du monde, voilà la triste vérité du jour pour l’incarner. 


Bacri c’était la moitié de Jaoui mais pas la moitié d’un con. 


Dialoguiste, scénariste, comédien et réalisateur : autant dire que sa vie c’était le cinéma et qu’il en faisait pas tout un plat : car le monsieur était de gauche.


On a dit qu’il incarnait les râleurs. Incarner la gauche et pousser un râle quoi de plus normal ? La triste réalité donne souvent envie de grogner. Ou de mourir certains jours. 


 Bacri c’est un mec qui faisait du Bourdieu dans « le goût des autres », qui racontait la Banlieue l’air de pas y toucher dans « un air de famille ». Les films de gauche sont bons quand il te raconte l’histoire sociale de ce pays sans que tu aies l’impression de potasser un manuel de sociologie.


Et puis Bacri il me plaisait car être chauve l’a jamais empêché de choper...Des ulcères...lui qu’on sentait inquiet avec son œil noir et sa barbe drue qui devait picoter les amatrices de baisers sur les joues.


Je me demande si la camarde lui a fait un dernier baiser sur sa joue piquante en s’écorchant ses lèvres décharnées au passage. Ce serait bien fait. Il méritait un baiser d’au revoir. Car on avait le goût de lui sans chercher celui des autres.


samedi 16 janvier 2021

Je suis si bien dedans...


 Oh je sais reconnaître les esprits grivois parmi mes lectrices et lecteurs ! Et combien d’entre vous ne sont-ils pas en pleine méprise en lisant ce titre ronflant de satisfaction. 

Pourtant elles sont bien fourrées, elles sont même accueillantes à la double pénétration. 

Je vous parle bien entendu de ma nouvelle paire de charentaise. J’y pénètre des deux pieds avec onctuosité et douceur. 

C’est dire si on est loin de l’appel du gaudelureau à jouer de son plumeau, dare dare (si j’ose dire).

C’est dire si je m’éloigne des berges de l’érotique pour aborder les rives du pratique !

Il arrive un âge où après avoir eu chaud à la plus suintante des extrémités masculines on commence à avoir froid aux bouts des doigts de pied, tout simplement.

Et après le capuchon  de latex lubrifié vient l’heure de la semelle en feutre pour glisser de mille aller retour ... sur le parquet ciré. On goûte dans la vie d’abord au patinage artistique, de double Axel en triple boucle on réinvente le Kamasutra... pour se contenter ensuite d’un programme fait de moins d’audace qui consiste surtout  à éviter le dérapage non contrôlé  grâce  à des chaussons de qualité française. 

Cachez le vié que je ne saurais voir et lavez-vous les pieds dans l’évier avant d’enfiler vos pantoufles fourrées. Il est l’heure et c’est l’âge. 

Je sais bien qu’à ce stade de ma chronique nombre de jeunes femmes crieront au suicide érotique. D’anciennes amantes voudront obtenir le remboursement de mes amours pourtant non tarifés se sentant dupées et flouées rétrospectivement. Je ne suis donc plus le satrape de l’amour, le cuirassé de la sexualité enflammée et le monstre turgescent que j’ai été.

C’est dur d’avoir été dur et à l’âge de la mollesse d’être parvenu. Enfilons-les, confinons les pieds, c’est l’épidémie du confort. Comme toutes ces dames qui préfèrent les collants au bas. « Parce que tu comprends il fait froid »...

L’achat de charentaises C’est comme cela que j’ai organisé  à vrai dire mon retrait du monde, et on sait les vertus du retrait à l’heure de amour physique ... comme en matière de chronique littéraire : 

Dans mes nouvelles charentaises, franchement livrées, je serais comme « le magnifique » cet écrivain de polar loser incarné par le Belmondo du film de Philippe de Broca. Dans mes charentaises j’écrirais des chefs d’œuvre à la Frederic Dard avec le souffle fertile que jadis je consacrais à me reproduire. Voilà le No Style au service du Style. 

Voilà donc le « charentaise Time » venu comme on pourrait le dire dans le New York Time.  

J’en étais là de ma profession de foi de nouveau Bidochon des Lettres quand j’aperçus sur ma paire de pantoufles toutes neuves une petite pastille en relief. La marque du chausson à n’en pas douter...

Et là mes yeux n’en crurent pas leurs oreilles. Car il était écrit « Le Slip français » sur mes charentaises, comme un appel textile et intime à rechausser chaussures plus adaptées à un écrivain galant homme du monde. 


Je sentis l’élastique de mon slip claquer comme par magie comme un rappel que c’est par ici que la vie se déroulait et qu’elle ne pourrait en revanche que reposer roide et suffocante dans mes  pieds chaussés et charentisés. La charentaise cimetière du désir qui transforme l’écrivain en gisant de son vivant. Que nenni ! 

Ces charentaises sont depuis rangées dans ce recoin de mon garage qui accueille l’huile de vidange usagée et les raquettes de Ping pong cassées.

Magnifique je veux rester, comme dans le film certes, mais dans de bons souliers vernis ! Qui brillent encore et qui font bander le cuir quand on les enfile.

mardi 12 janvier 2021

Thalasso Thalassa.

 Georges Pernoud est mort. Certes, il nous restera toujours le Pernod pour écluser notre peine.  En revanche Jean-Pierre Pernod est vivant et ça c'est dégueulasse. La mort est une ogresse qui a bon gout et n'engloutit que les hommes de goût. Et rejette les sardines avariées. 

Georges Pernoud, cet homme était un monument des mers, un phare. Présentateur de Thalassa c'est  l'équivalent de Poséidon de la télévision...Cet homme régnait sur les  mers et les océans et commandait à votre week-end en occupant fermement la soirée du vendredi. Toujours la même coupe de cheveux pendant trente ans. Le même équipage. Un vrai totem marin.

A dire vrai, je vais être honnête, je n'ai quasiment jamais regardé Thalassa. Mais j'avais souvent l'émission en fond sonore et visuel. Comme un aquarium. Une garantie de détente et de bien être. Mieux qu'un gros pétard. Voir le Pernoud du vendredi c'est un soulagement comme celui de savoir son oncle Gaspard, celui qu'on aime bien, solde et généreux, bel et bien vivant.

Pernoud c'était un dealer de calme. Sa blanche à lui c'était l'écume de la vague flirtant avec le voile moutonneux du nuage se reflétant dans le miroir des flots.

Si tu as compris la phrase qui précède tu es toi même drogué ou un fidèle de l'émission. 

Autrement dit : Thalassa notre Thalasso




lundi 11 janvier 2021

La Doudoune de Samia Ghali

 ça m'arrive une ou deux fois dans l'année : Je manque d'inspiration. Pourtant le spectacle de mes contemporains, c'est d'ordinaire festival.  J'ai qu'à me baisser pour en trouver des sujets à tourner en dérision, des dossiers pour échafauder du ridicule. Mais là, ça va comme un "lundi bigoudi". Une actualité aussi passionnante que si je devais me faire poser des implants capillaires et que pour les inaugurer j'empruntais les bigoudis de ma grand-mère pour faire une "mise-en-pli". Et que je demande à faire la première page de Libé avec cette info essentielle...

C'était tellement calme plat ce lundi matin là que je commençais à m'ankyloser les paupières. Gravissime. J'avais comme une entreprise de BTP en train de bétonner mes cils. Alors, devant le danger, j'ai fait comme tous les journalistes quand ils n'ont rien à dire. Je suis allé piocher sur Twitter de quoi noircir du papier.

Twitter cette mine d'or où peu de gens ont vraiment quelque chose à dire mais beaucoup plus ont quelque chose à médire. 

J'ouvre en chatouillant l'icone au petit oiseau bleu. Et je tombe d'emblée sur cette information capitale : Samia Ghali interviewée sur BFMTV à une doudoune à 1900 balles sur le dos; C'est un journaliste qui sort l'info. Un mec de RMC Info. heureusement qu'ils précisent qu'ils font de l'info, RMC. Parce que sinon on pourrait légitimement  en douter...

Y a quand même plus de 4000 personnes pour se ficher d'elle sur ce coup-là. Dur. Pas cool. Et un peu sexiste sur les bords non ?

J'ai senti monter une violente indignation en mode "touche pas à Samia". Ben oui. C'est pas parce qu'elle a un accent phocéen aussi épais qu'une rascasse à la mayonnaise qu'il faut s'en prendre à elle. 

D'autant que Samia elle est vachement sympa.Et là je suis sérieux pour une fois. Je l'ai croisé une fois à un Conseil national. C'était à l'époque de Camba-Borgel. Camba vous voyez bien qui c'est non ? Et Borgel ? Un mec avec deux téléphones greffés aux deux oreilles et qui connait la carte électorale par coeur.  C'était le mec le plus important de France à ce moment là en 2015, 2016 parce que tout le monde se disait qu'on avait encore une chance de gagner les élections législatives et qu'une investiture socialiste ça valait encore nettement plus que six pour-cent sur le marché.

Ce jour là j'essayais de parler à Borgel. C'était dans la grande salle enterrée de l'assemblée. Je voulais deux secondes de son attention pour lui conter une histoire aussi dérisoire qu'une histoire d'investiture à régler dans la fédération que je dirigeais. Je gesticulais, je piétinais comme un petit garçon avec une forte envie d'uriner. Et le gars faisait, genre, j'ai deux téléphones greffés à mes deux oreilles donc je compte pas te parler. Ou alors après l'opération pour me les dégreffer. Ou bien l'année prochaine si tu prends rendez-vous poliment. En gros je pouvais faire dans mon pantalon il s'en fichait.

Je lançais un dernier regard implorant à Borgel. Mon regard cocker "je suis en phase terminale de socialisme".  Rien n'y faisait. Un coeur de pierre. Et avec deux oreilles téléphones en plus.Transhumaniste quoi... Et là, alors que  j'étais prêt à écouter ce qui se disait à la tribune de dépit - c'est dire la misère, car le principe d'un conseil national c'est quand même de s'intéresser à ce qui se passe dans les coursives mais jamais à ce qui se passe en tribune - Alors donc,  je sens un parfum capiteux envahir ce coin de la salle. J'ai cru sur le coup que les pompiers allaient décréter une évacuation forcée à cause d'une attaque de gaz sarin. Et bien non. C'était juste Samia, déesse de Marseille.

Je vais vous dire, on peut pas porter d'appréciation physique sur ses camarades quand on est socialiste. Socialiste c'est comme emasculé. Mais avec Iste comme suffixe. Emasculiste quoi. Mais Samia je la trouve canon dans son style méridionale de Marseille. C'est pas sexiste de trouver mignonne une compatriote du sud quand même non ?

Et bien Samia elle s'approche, comme ça, elle avait même pas de doudoune argentée, juste des talons de 12 qui lui allaient super. Une reine olympienne. Et voilà que la Samia elle me tape la bise. Genre on se connait depuis longtemps. Alors qu'on était juste tous les deux à faire le pied de grue pour essayer de choper Borgel.  

Moi une socialiste qui me fait la bise en talon de 12 alors qu'on se connait pas, j'en connais pas des tonnes.

Et voilà que je place les éléments de langage pour faire le malin, et que j'ai vécu à Marseille dans les quartiers Nord moi aussi, et que j'ai vu de mes yeux la construction de Grand littoral, et que j'aime l'OM à la vie à la mort etc...
Elle me regardait avec ses grands yeux sombres et de temps en temps elle lâchait un "oh" ou un "Ah" une onomatopée avec un accent marseillais qui faisait que le Oh durait trois secondes à minima.

Bref je parlais je parlais je parlais. Sous le charme de Samia. Et puis là à un moment elle disparait. Et la seconde d'après c'est elle qui parlait à Borgel à ma place.

Elle m'avait brulé la priorité. J'avais pris une veste quoi ! 

Vous voyez où je veux en venir maintenant  ?  Samia pour mettre des vestes et porter des doudounes hors de prix elle s'y connait, tiens. Alors venez pas la chercher pour la doudoune à 1900. On est reine ou on l'est pas.

Allez, je crois que je vais publier ce récit apocryphe et un peu arrangé sur Twitter. D'ici que RMC veuille me le publier ;)



vendredi 8 janvier 2021

"Quand Mitterrand était un livre"

 

 Notre maison était comme une petite cabane fragile au pied d'un grand arbre. 

Ces cabanes aux toits chargés d'amiante, aux cloisons qui semblaient faites de papier mâché, toutes éclairées d'un poêle à mazout odorant, il y en avait une cinquantaine dans le quadrilatère à la sortie de notre village sans charme sur la route de Bagnol-sur-Cèze.  A Saint Geniès-de-Comolas, dans le Gard Rhodanien,  on appelle encore l'endroit "La cité". Rien à voir avec les barres d'immeubles de Saint Denis ou des Minguettes. Dans notre cité à nous il y a eu des ouvriers. Ceux qui  bâtirent la centrale nucléaire de Marcoule y furent logés. Puis les préfabriqués ont été vendus, à la fin des années 60. et colonisés par d'autres ouvriers et employés qui y trouvaient un point de chute naturel ainsi que par la  petite classe moyenne locale. Au final, une belle mixité sociale symbole d'accès possible à la propriété pour tous. Mes parents s'y installèrent. Mon père était surveillant d'externat, "Pion" au lycée Frédéric Mistral d'Avignon. Ma mère, ouvrière à l'usine Eminence puis "mère au foyer". 

A la Cité, j'ai connu les moments heureux de l'enfance. 

J'ai grandi à l'ombre des lourdes branches d'un  peuplier qui me paraissait immense et protecteur. Il y avait une ferme à une centaine de mètres de là et on entendait le matin le chant du coq. Je ne m'en approchais que rarement à cause des chiens et de ma timidité maladive. A côté de la maison un  grand parking bitumé offrait une grande plaine de jeu naturelle. Le Rhône était à un kilomètre environ. Mais nous ne nous aventurions que rarement sur ses berges. Le fleuve gardait sa puissance de mystère et ses flots tourmentés un peu effrayants. Dans ma cabane surchauffé je jouais. Je lisais. Je rêvais. Comme un enfant sans souci. Ma soeur vint quatre ans après ma naissance compléter les jeux et les joies de la maisonnée. Ce jour-là j'avais sans doute sept ou huit ans à peine. La curiosité d'un jeune garçon docile et rêveur. Et la bibliothèque de mon père comme terrain de jeu pour l'imagination. La lecture ne se résumait plus aux illustrés pour moi.  Tintin, Astérix, Lucky Luke, un trio  incontournable pour ma génération. J'avais déjà l'appétit pour d'autres nourritures livresques plus consistantes. Et la bibliothèque paternelle en regorgeait. Des titres inquiétants et attirants de Lovecraft ou d'Edgar Poe - mon père possédait une maitrise de Lettres modernes et avait rendu un mémoire sur la littérature fantastique. Des classiques  hors de portée, Stendhal et Balzac, en autre. Quelques ouvrages historiques sur le moyen âge ou la préhistoire et des essais d'auteurs désireux de dessiner le monde de demain dans une version chargée d'optimisme ou de périls.

 J'avais du temps pour fureter sur les cinq étagères en bois blanc chargées de ces livres qui sentaient le vieux et les pages déjà jaunies.

 C'était les vacances scolaires. Je regardais  les couvertures. Feuilletais quelques pages avec détachement. Comme un lecteur savant et expérimenté ainsi que j'avais vu faire mes parents. Je débutais parfois une lecture  de ces livres "pour grands" mais n'allais pas très loin. Ce jour là j'étais retenu à l'intérieur de la maison par un de ces après-midi de Mistral "qui emportait tout" selon l'expression de ma mère.  Un de ces jours où le vent vous coupe le souffle quand vous osez sortir pour l'affronter, une de ces journées trop longue qui vous prive des plaisirs du jeu entre enfants - notre cour jouxtait celle de deux voisines de mon âge- et vous assigne au salon ou à la chambre. Devant la bibliothèque en bois blanc j'allais rarement vers les deux étagères du haut. Question de taille, moi le tout petit garçon. Et d'intérêt aussi : les livres rangés là haut me semblaient plus austères et moins digestes que les autres. Et pourtant, ce jour là, en escaladant l'accoudoir du canapé de velours, en veillant bien à ce que ma mère ne me remarque pas, elle qui était si maniaque du ménage, je tombais sur ce livre à la couverture franchement laide - un marron inqualifiable - mais au titre aux lettres d'or"l'abeille et l'architecte". 

je découvris que Mitterrand était un livre. 

Certes, dans les mots de mon père ou de mon grand-père, notable respecté puisque directeur de l'école publique et ancien maire, Mitterrand était depuis longtemps un mot chargé d'émotion, d'espoir. Mais c'était aussi un mot qui faisait débat quand nous franchissions le Rhône pour aller à Chateauneuf-du-pape chez mon autre grand-père, le viticulteur un peu rude, qui s'étranglait presque en le prononçant.  Ce mot lâchait à sa table promettait débat, tensions et même parfois repas gâché et retour précipité chez nous à Saint-Geniès.

Mais Mitterrand était donc aussi un livre. Un titre. Des mots auréolés du mystère d'une formule magique. L'abeille, certes, je savais ce que c'était pour me battre régulièrement avec ces abeilles gourmandes qui venaient attaquer mes tartines de confiture à l'heure du gouter. Mais l'architecte ?`

On pouvait donc imaginer un architecte capable de commander aux abeilles ? Un homme qui, tel un chef d'orchestre devant un orchestre symphonique, obligerait des centaines d'ouvrières ailées à accomplir sa volonté ? Construire des châteaux de miel ? Et pourquoi pas voyager dans les airs soutenus par ces centaines de guerrières ailées capables d'affronter le Mistral ?

Mon esprit déambulait sur les rives du rêve éveillé.

J'ouvris le livre. Il était question de voyage, de ciel, de terre, d'hommes et d'idées. De bruyère, d'argile, d'une France faite de villes, de campagnes, d'arbres et de collines, de clochers, de vieilles pierres et d'écrivains.

Un mot revenait parfois. Politique. 

Et puis Parti socialiste. Deux Mots qui ne me quitteraient plus et me colleraient à la peau pour longtemps encore.

Mais tout cela je l'ignorais ce jour là. J'avais sept ou huit ans sans doute. Le vent soufflait si fort qu'il faisait claquer les volets. Je refermais le livre. J'allais relire Tintin et les Sept boules de Cristal. Le mystère de cet architecte de la politique m'avait donné soif d'autres mystères, visiblement.


Mitterrand était un livre. Il s'incarnerait plus tard en un président et une grande joie. 

Celle du 10 Mai 1981. J'avais huit ans ce jour là.  Je m'en rappelle comme si c'était hier. Nous avons appris sa victoire à la radio. Alors que nous étions au pied de la lourde grille coulissante du Lycée Simone Veil au Puy-en-Velay où nous vivions dans les logements de fonction. Mon père a sauté de joie en sautant de l'auto. Il a monté les marches quatre à quatre. Quand nous l'avons retrouvé devant la télé il avait le visage illuminé d'une joie que je lui ai rarement vu tant elle était spontanée et durable. Mitterrand était devenu une joie prolongée.

Mitterrand finirait par devenir une peine. Un disparu. Un homme figé dans l'éternité, un président ayant fait l'histoire de ce pays pendant deux septennats. 

Mitterrand est aujourd'hui des livres. Qui lui rendent hommage ou critiquent son action. 

Mais en ce jour de célébration de sa disparition, Mitterrand est d'abord  le synonyme de souvenir. Et pour de nombreux socialistes, de recueillement devant sa mémoire.

mercredi 6 janvier 2021

Le Water Closet Gate ou le cabinet du 1er secrétaire du PS cambriolé

 


Voilà ce qui arrive quand Carlos Da Silva ne joue pas les cerbères de la porte : le siège du Parti socialiste se fait cambrioler faute d'un méchant pour montrer les dents à l'entrée. Sans doute pour fêter à sa façon le centenaire du Congrès de Tours, un Arsène Lupin a donc joué un mauvais tour aux socialistes en s'introduisant jusqu'au saint des saints de ce que l'on appelle plus désormais la tribu des solfériniens.  Le siège a été visité, par Blum et par Toutatis, les socialistes en sont émus et une enquête est en cours.

Bizarrement à l'heure qu'il est, personne ne crie à l'affaire d'Etat. Edwy Plénel n'a pas dépêché ses limiers pour enquêter, et la République ne tremble pas sur ses fondations. 

Il faut dire qu'à 6% on a le cambriolage en mode profil bas.

Ce satané voleur, je dois l'avouer d'emblée, j'ai plus envie de le comprendre que de le blâmer. Rendez-vous compte : 

L'homme (ou les femmes, car après tout les cat's eyes étaient bien  une fratrie de cambrioleuses en body moulant ce qui ne manquait pas de panache) a dû se rendre jusqu'à Ivry par l'interminable ligne 7, errer dans ces rues à l'urbanisme si rieur qu'en comparaison une cité soviétique de Minsk passe pour une playa d'Ibiza, et pénétrer dans le bâtiment déserté.  Le vide est, il est vrai,   l'état naturel de ce bâtiment. A part la présence régulière du toujours élégant Olivier Faure, l'homme qui porte mieux le costume trois pièces que le bleu de chauffe, les murs ne résonnent que rarement de présence humaine et de débats enflammés. Sauf en période d'investiture, cela va sans dire. Quand il y a un bout de gras à se disputer il y a toujours deux socialistes affamés pour ferrailler. 

Mais revenons-en au forfait :

Ce Lupin audacieux, qu'a-t-il bien pu trouver sur place à dérober  ?

Un vieux pot de gomina ayant appartenu à Jean-Christophe Cambadélis ? Sans valeur.

Les reliquats d'un sandwich au Maroilles boudé par  Martine Aubry la boudeuse ? ça sent trop fort même 10 ans après.

Une ration de courage laissée là par Harlem Désir qui n'en avait pourtant pas tant que ça à disposition ? relique sans intérêt.

Alors surement les plans stratégiques de l'union de la gauche, si bien planqués et si alambiqués qu'il n'est pas certain qu'il ait pu réellement y mettre la main dessus.

A moins que ce ne soit le fameux Projet, celui qui représente la formule magique absolue de chaque élection où, bien sûr, on préfère mettre les idées plutôt que les hommes en avant...  Pas de pot, le Projet on en a pas encore écrit une ligne à Ivry. La faute au confinement des neurones qui dure depuis plus longtemps que l'épidémie.

Ah c'est sûr, si je devais me faire voleur, c'est au moins au siège de la République en Marche que je me précipiterais. pas certain d'y trouver plus de Projet, mais au moins je pourrais discuter Shampoing et soins capillaires avec Marlène Schiappa. Car depuis que j'ai perdu mes cheveux je suis devenu obsessionnel sur toute formule de soin magique qui pourrait les faire repousser. 

Drôle d'affaire que celle-là en tout cas. Pourquoi voler un parti qui n'a plus de trésor à dépouiller ? Sa seule ressource c'est encore ses derniers militant-e-s et, eux, ils n'ont pas de prix mais ne sont pas à voler.

mardi 5 janvier 2021

Comment ne pas être Baudelairien ?

 

 « Comment ne pas être Baudelairien ? »


Je dois l’avouer j’étais Charlie bien avant les attentats de janvier 2015. Charlie je suis et je resterai. Je suis Charlie Baudelaire pour la vie. 
Avec lui la rencontre s’annonçait inexorable. Je remplissais mes soirées mélancoliques d’adolescent de poésie. Je tentais de me singulariser une plume à la main planant au dessus des hommes et des océans comme l’Albatros... j’étais pareillement sensuel face à une parure de bijoux sur une peau nue et dédaigneux du temps qui passe face à l’horloge et son inexorable tic-tac. Du moins je me plaisais à le croire !
Mon tempérament était baudelairien de naissance. Trop sensible sans doute. Une chance ? Pas certain. 


Bien sûr le maître me dépasse largement dans la démesure : 


Il aimait les putes sans modération, l’odeur des charognes flattait ses narines et il se livrait à tous les dérèglements, toutes les débauches et les provocations. Il était plus camé qu’une épave de la Porte Dorée, plus menteur qu’un arracheur de dents argentées, plus salaud que le dernier des saligots. Il dépouilla sa mère de son argent, frappa sa muse les soirs de délire éthylique, insulta le peuple belge dans un pamphlet méchant, en autres exploits pour justifier son dandysme et faire jaillir sa poésie née de l’outrance.
Outrancier mais jamais vulgaire. C’est un des rares poètes dont je peux réciter par cœur ces vers qui ne l’ont donc pas suivis au tombeau. 
Adolescent mon père nous déclamait, exalté, le poème « il faut être toujours ivre » tout en réclamant la salière à table. La vie ne manque pas de sel quand on l’agrémente de poésie. 


Ce Jean Teulé est, comme tous les opus de l’auteur consacrés aux poètes - il a écrit aussi sur Rimbaud et Villon, en autre - érudit, precis, bien mené.


On peut presque sentir la peau et la chevelure poivrée de la noire Jeanne Duval, bander devant ses provocations vicieuses (pardon mesdames), et aussi tomber amoureux de la « présidente Sabatier », son esprit et sa beauté qui mettaient Paris et tous les grands artistes de l’époque à ses pieds. 
Et que penser du Baudelaire de la fin rongé par une syphilis qui le rend paralytique puis apathique au point que le seul mot qu’il soit encore capable de répéter est le juron « crénom » !?
Un poète qui perd ses mots n’a plus de raison de demeurer sur cette terre. Baudelaire est mort à 46 ans. Mais son empreinte est si forte lui « le poète idéal » que je me demande encore comment ne pas être baudelairien intensément quand on s’intéresse un tant soit peu au génial dandy.