On a tout dit, tout, sur Sagan. La vérité et la légende. Le succès de Bonjour tristesse qui place cette jeune femme de bonne famille au centre du monde des Lettres. Elle a 18 ans et tout va s’accélérer. La vie sera dès lors brûlée par les deux bouts . Les amitiés et les amours partiront en fumée. La Jaguar conduite les pieds nus. Les petits déjeuners pris au matin à Saint Tropez après qu’on a roulé toute la nuit à tombeaux ouverts depuis Paris. Les tôles et la chair seront martyrisées. La dope pour guérir la souffrance sur le lit d’hôpital après l’accident. Et puis le jeu, les dettes, Deauville, le Manoir du Breuil acheté après une nuit de veine à la roulette...et les dettes à nouveau qui la verront finir ruinée...
La journaliste de Libération qui commet cette biographie le dit « je ne voulais pas devenir une femme de Lettres mais ecrivain célèbre. Non pas vouer ma vie à l’écriture, mais vivre comme Sagan »...
Combien de vocations de ce type ?
Écrivain c’est une manière d’être, c’est un style , non ?
Même sans avoir écrit une ligne de sa vie, c’est une pulsation vitale, c’est l’existence qui se met à swinguer d’un rythme syncopé. Écrire c’est ressentir plus fort.
Hier sur la route qui va de Bruxelles à Rouen quand j’ai aperçu le panneau Dieppe mon cœur s’est accéléré. Ma berline noire a pris de la vitesse malgré la chaussée mouillée. Le fantôme de Sagan venait de croiser ma route. Cette Normandie si chère à Françoise... Sur un air de Chet Baker à la trompette toujours aussi suave et alanguie. Une réunion de fantômes...
Vivre comme Sagan....