samedi 18 décembre 2021

Taubira expliquée aux sourds, aux muets et aux chasseurs de castors

J'essaie d'anticiper ce que va déclarer #Taubira en janvier : "les soleils fraternels illuminent demain pour que la justice irradiante et les castors


volants soient au rendez-vous radieux de notre avenir fertilisé par le peuple de France (de tous les soleils)" dit avec une certaine gravité


Puis le journaliste lui demandera si elle est candidate finalement. Et là elle agrandira ses yeux, elle fera une moue enjouée et gourmande de la bouche et lâchera un énigmatique ;


"Monsieur, je voudrais vous citer un poète, que j'affectionne, au même titre que la confiture de tarentule mâtinée de confit d'oie :


"Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux"


Et elle partira en lui palpant l'avant-bras, en élargissant son deja si grand et lumineux sourire 


Et dans le ciel apparaîtra un vol de castors volants dans le lointain.


Et c'est à ce moment là que les applaudissements crépiteront bien forts. Le public s'imaginera que la citation est une auto-citation tellement ça ressemble à du Taubira, c'est à dire des mots qui sonnent bien et super bien interprétés mais qui en fait à la relecture ne se comprennent véritablement qu'ivre mort, drogué ou les deux.


Cette citation est d'ailleurs de René Char au passage. 


Conclusion pour les sourds les malentendants et les chasseurs de castors :


Moi quand je veux écouter un poète je le pousse pas à être candidat à la présidentielle.

samedi 13 novembre 2021

« Ça a tiré dans Paris » - 13 novembre je me souviens



« Ça a tiré dans Paris ». 



Ça a commencé comme ça. Comme dans un film. 


Je venais de rentrer chez moi dans mon paisible quartier de bruxelles après un rassemblement politique dans le centre ville. Je me suis collé devant mon téléphone à l’affût des informations qui tombaient, parcellaires et de plus en plus morbides. On a tous fait comme ça ce soir-là. Mouches anxieuses collées aux vitres de nos écrans scintillants.


C’étaient les terrasses voisines de mon quartier du 10eme qui étaient touchées. Chez moi en somme. Un ami réside rue Alibert l’immeuble d’à côté du Petit Cambodge. Des amis ont leurs habitudes nocturnes par là-bas. 


Alors anxieusement  on a écrit aux uns et aux autres. En mode parfois télégraphique. Pour tisser un fil de vie malgré la mort qui venait de frapper. 


Car ce soir sinistre tout le monde pouvait être touché, au fond. Loterie sinistre d’un carnage à l’aveugle et pourtant méthodique. Des petits salauds en commando ont donné la mort à l’arme lourde comme dans un jeu vidéo.


 Vers 21h30 mes parents m’informent que ma sœur est de sortie dans le centre ville, elle aussi.  La peur redouble quelques minutes. Et si ... ? 


Puis ma sœur m’écrit. Elle cherche à se réfugier dans des bars. Paris panique. Les infos circulent et aussi les rumeurs. Combien sont-ils ces malades ? Paris paraît petit, comme une souricière géante, comme un traquenard à grande échelle : un Escape game géant dont certains joueurs ne réchapperont pas. 


L’héroïsme est dans la fuite ce soir là :  des portes se sont ouvertes devant les fuyards. Les réseaux sociaux trouvent une utilité réelle (pour une fois). Les parisiens serrent les coudes. D’autres portes restent fermées. Il y a la solidarité. Et les menus moments d’égoïsme ordinaire. 


Et il y a surtout l’horreur dans les rues. Les sirènes. Les secours. Les hôpitaux qui débordent de victimes. Et le pavé luisant du sang des innocents. Bordel. 


Ce soir-là la France entière est connectée mentalement avec son centre, capitale d’un carnage. On a géolocalisé le Bataclan sur les écrans. On attend d’en savoir plus. Avec cet effroi absolu que d’imaginer ce que c’est que d’être blessé, braqué ou piétiné dans un espace clos habituellement dédié à la fête. Le Bataclan tombeau de la jeunesse martyrisée.


Je me couche avec la tête pleine d’images terribles. Amis et parents sont saufs. Épargnés. Mais combien d’autres gisent au sol ? Le décompte mortel sera établi dans les jours suivants. Précis. Clinique. Qui fiche mal au ventre. Impuissance face à ces fêlés qui ont tué. Impuissance de la démocratie ? Ils sont morts pourtant eux aussi les salauds. 


Le lendemain en retrouvant mes camarades à ce rassemblement politique que nous avons annulé, j’apprends qu’un des nôtres a perdu son fils, Victor. L’horreur à un visage. 


Les jours qui suivent la France enterre ses morts. Et je suis présent comme des dizaines d’autres amis à l’enterrement de ce garçon que je ne connaissais pas. Jeune, engagé, généreux. Sa photo est portée  par sa petite amie en larme et par sa famille si digne. Son père et sa mère sont droits malgré la pire douleur qui soit. Celle de perdre un enfant brutalement. 


Victor devient pour moi le visage même de cette jeunesse fauchée par cette idéologie mortifère de l’islamisme, la victime de jeunes assassins de sang froid.


Sa photo est depuis posée chez moi à Paris. Quand je la regarde, je me souviens. De la nuit d’effroi et de celles et ceux qui sont tombés. D’ailleurs comment les oublier ? 


Il n’y aura ni oubli ni pardon. 


Ce 13 novembre 2021 je me souviens.

vendredi 15 octobre 2021

Coups de casque - après le report et visionnage des vidéos surveillances

 « Coups de casque... après avoir vu les vidéos surveillance»


Il faut donc cinq ans pour juger de deux coups de casque sous la présidence d’Emmanuel Macron. La prochaine fois que je voterai pour un candidat au  deuxième tour pour faire barrage à l’extrême-droite je lui demanderai au préalable de s’engager à ce que la justice soit rapide et utilise la comparution immédiate quand c’est évident. Comme quand on agresse un homme en pleine rue, en plein milieu de l’après-midi, devant plusieurs témoins. Et que les coups de casque sont extrêmement violents. 


L’avocat de mon agresseur a demandé les vidéos surveillance de ce 30 août 2017 à 15h28... et obtenu le report de 7 mois du procès qui devait avoir lieu hier.


Ces vidéos surveillance :


Je les ai donc vues aujourd’hui. Quelle violence ! Quelle agressivité ! Quel effroi de revoir cela...


Ce jour-là un député de la majorité a tapé très fort sur un opposant socialiste... heureusement qu’un bon samaritain s’est interposé après le deuxième coup porté alors que j’étais accroupi...deux coups de casque = un hématome extradural, du coma, une opération en urgence, le crâne ouvert sur 15 cm...et 4 jours de réanimation. Avant de repartir ensuite à l’hôpital à bruxelles. 


Un éventuel troisième coup m’aurait il tué ? Après avoir vues ces images qui m’ont secouées je me le demande vraiment.


Mais, allez, quittons le champ du sordide et rions un peu, ou tentons au moins de sourire, on peut faire des casques des œuvres d’art. La photo envoyée par une amie en témoigne. 


Qui sait,si,  demain, « mon » casque ensanglanté ne finira pas au musée d’Orsay ? Voilà qui ferait de ce casque un objet voué à l’éternité, un rappel permanent pour bannir à jamais la violence politique. 


Au fond :


Ils peuvent tout me prendre. Mon temps. Ma patience. Mes idéaux. 


Ils ne me prendront pas mon humour. Fut-il noir. 


Ma cicatrice me démange ce soir comme si on avait déversé sur elle du poil à gratter. 


Le 7 avril sera jour de procès. Et le 10 avril premier tour de la présidentielle. Justice viendra. Enfin.



PS : merci à ceux qui commentent mon article sur ce blog ou Twitter de s’abstenir de tout propos raciste vis à vis de mon agresseur. Je condamne  toute forme de racisme. Merci. 

lundi 11 octobre 2021

« Une arabe en France » un essai à lire

 « Une arabe en France ou l’anti-racisme pour tous »


Il y a l’anti-racisme militant. Celui que j’ai pratiqué jeune militant. Je criais « F comme fasciste et N comme Nazi » dans les rues d’Aix en Provence. Ai-je réussi à convaincre un seul électeur du FN à renoncer à son vote extremiste ? Pas si sûr. 


Et puis il y a l’anti-racisme de la psychiatre Fatma Bouvet De La Maisonneuve. Un anti-racisme documenté, vécu, expliqué clairement à tous. 

Quand on a fait face aux préjugés dans son propre milieu professionnel, quand les médecins étrangers sont cantonnés à un statut inférieur par rapport aux médecins aux diplômes français, on touche le lecteur, car le propos est à la fois engagé mais sans ressentiment. Voilà une femme tunisienne amoureuse de la France qui en parle à la fois avec tendresse et sans complaisance. Car il y a des racistes en France évidemment. Mais que nous ne sommes pas ontologiquement ni structurellement racistes en tant que peuple n’en déplaisent aux indigénistes. 


Quand on regarde la société d’accueil comme Fatma avec ce regard pertinent, on ne peut que convaincre ou interpeller ceux qui ont la tentation du rejet de l’Autre. C’est mieux qu’un slogan et mieux qu une manifestation ! En tout cas ce livre oblige à réfléchir plutôt qu’à crier. 


J’ai la chance de connaître Fatma, une républicaine et féministe engagée, une ecrivain, femme de plume et femme de cœur.


Ce qu’elle dit dans ce livre sur les différents préjugés qui existent envers les femmes arabes me touche : elles ne sont pas condamnées à la soumission ou au statut de courtisane sorties des mille et une nuits ! Abandonnons nos clichés. comme Fatma je sais que Bourghiba a donné un statut aux femmes tunisiennes sans commune mesure avec celui d’autres sociétés arabes. Fatma nous rappelle cependant celles et ceux qui ont été à l’origine de ce combat. Il en reste d’autres à mener. Elle revient sur la question du voile, sans hysteriser le sujet et en expliquant pourquoi elle est contre mais pourquoi on ne doit pas systématiquement s’enflammer quand on l’évoque. 


La sagesse de cette intellectuelle me plait : elle oblige à la rencontre de l’Autre sans faux semblant, à se poser la question des différences culturelles mais aussi à poser les fondations de ce qui relient nos peuples voisins qui se côtoient et se nourrissent les uns des autres des deux côtés de la Méditerranée depuis des siècles. 


Au fond Fatma nous offre la possibilité de sortir de nous et de devenir comme elle « une arabe en France » l’espace de cette lecture que je ne saurais trop conseiller.