« Un mot pour vous et des mots pour lui »
Merci à tous pour votre soutien sur facebook. Vous êtes des centaines sur facebook et des centaines de milliers sur Twitter à regretter les lenteurs de la justice.
J’attends de mon agresseur, s’il me lit, qu’il fasse amende honorable.
Reconnaître que je ne l’ai ni insulté ni à fortiori molesté le 30 août 2017. Qu’il a adopté une défense mensongère et diffamatoire sous le coup de la panique post agression. Pour se sauver. Pour atténuer l’énorme connerie qu’il venait de faire. Une réaction défensive. Un dernier coup.
Il a été surpris de me retrouver à quelques centaines de mètres de son domicile ? Je l’ai été aussi de le trouver à 150m du cabinet de mon psychanalyste. Il y a des rencontres fortuites. Les chances que l’on se rencontre ainsi dans Paris étaient infinitésimales. Mais parfois l’improbable arrive.
Je pense qu’il sait déjà les dégâts physiques et psychologiques que j’ai subi et qu’ont subi, pour ce qui concerne l’aspect psychologique ma famille et mes enfants.
Si ces préalables sont respectés la réparation pourra avoir lieu. Il n’est pas agréable d’avoir à vie l’étiquette de victime collée sur son crâne. Un condamné pour violence a droit de payer sa dette à la société et à sa victime et de tourner la page. Je ne lui souhaite ni un malheur éternel ni même le moindre problème. Je n’ai pas de sentiment de vengeance. Je suis en paix avec lui. Je veux seulement la justice car le temps dure trop.
Le sang sèche. Les plaies cicatricent. Les tensions s’estompent. La Justice passera et passeront les peines.
On m’a souvent demandé si je pardonnais : je ne pratique pas le pardon qui est une notion trop connotée, trop chrétienne. Elle doit aussi s’accompagner de repentance. Et je ne souhaite pas voir de la repentance. Notion là encore trop religieuse. Je veux juste la vérité.
Je pratique en revanche l’oubli. L’oubli laïque. J’ai hâte d’oublier ce moment de ma vie. D’oublier la peur que je ressens encore irrationnellement en cas de tensions ou d’éclats de voix. D’oublier ce que les tensions politiques peuvent générer de presque criminel.
La campagne des législatives qui nous a opposé, même si je n’étais pas candidat, a été difficile. Il y a eu des mots de trop, chez lui comme chez moi. Aucun mot de travers ne méritait la mort ou les coups. Et évidement nous n’avons pas été les seuls à connaître l’affrontement politique. « C’était un temps déraisonnable. On avait mis les morts à table » disait Aragon pour parler de la grande guerre. Ici les morts en politique ne sont que symboliques.
Dans ce temps déraisonnable le Parti socialiste a éclaté. La macronisme a aspiré ce qu’on avait de meilleur parfois et parfois de pire en nous.
Nous avons fait de la division la règle pendant des mois et des années.
Au fond cette agression s’inscrit dans ce contexte tendu et éclaté. Un temps hautement déraisonnable.
Mon agresseur a aussi le droit à l’oubli. Lui et sa famille. Je pense à ses enfants qui n’y sont pour rien. Que lui paye sa dette. C’est tout.
Lui mon agresseur le sais bien maintenant : je ne l’attendait pas en bas de chez lui ce jour là. Je ne suis ni un bandit ni un mafieux dans un film de Scorsese. Simplement un homme aimant les lettres qui allait chez son psychanalyste pour délier sa plume et s’autoriser à écrire des romans. Je serais sorti 20mn plus tard et rien ne se passait.
Je ne l’ai pas insulté. Tout au plus, c’est vrai, j’ai qualifié sa campagne de communautariste, ce qu’une étude du CERI de Sc Po confirme à son échelle.
Peut être que nous ne mettons pas derrière ces mots la même connotation. Peut-être y voit-il un grave outrage. Même si c’est le cas rien ne méritait ses deux gestes.
L’anti-racisme que nous portons tous les deux au cœur doit amener les hommes de raison à se liguer pour agir au mieux contre la peste du racisme. Et pas à se calomnier.
Je n’ai pas voulu lui tordre le poignet, j’avais un geste d’apaisement, la main à plat, pour le copain que j’aimais bien et que je voyais s’énerver. J’ai touché son poignet en effet avec cette intention là. Comme lui l’avait lui même plusieurs fois depuis le temps du cabinet où nous nous connaissions, car nous avons connu des moments chaleureux tous les deux. Je l’avait même invité chez moi, rappelle lui toi qui nous a vu jadis trinquer et rire, rappelle lui ces temps heureux de la camaraderie.
Un autre homme s’est dressé en face de moi dans la rue Broca le 30 août 2017.
Il m’a frappé durement. Il dit avoir eu peur de moi ce jour - là. Alors est-ce sans doute un autre homme qu’il a aperçu face à lui. Car du haut de mon mètre soixante-huit il m’aurait été difficile de lui faire du mal, si tenté que j’ai songé à le vouloir une seconde.
Je me rappelle du dernier sms que je lui ai envoyé avant le vote des législatives de 2017.
Il disait « la politique c’est pas la guerre ». Je maintiens que c’est à nous, responsables politiques, de démontrer que Sun Zu et Clausewitz se trompent. Et que Machiavel est un con.
Que la politique c’est le respect de l’autre, tout simplement.
Quand la vérité aura été dite la réparation sera naturelle et l’oubli viendra. Nous en avons besoin tous les deux. Nos familles et nos enfants avec nous.
Et tout le reste est littérature.