vendredi 29 janvier 2021

La nature me manque - ou la biche le scout et Emile Louis

 « La nature me manque »


Ce matin je discutais l’air de pas y toucher avec un ami gothique qui vit en pologne (un de ceux qui monte la nuit sur son toit pour observer le vol noir des corbeaux en hurlant à la lune...). Et soudain je lui lâche comme ça « Michael, la nature me manque ». C’est sorti de ma bouche aussi vite Qu’un postillon covidé. J’ai regardé autour de moi, cet intérieur bourgeois confortable, cette cheminée hors de prix où l’on cuit des brochettes de marcassin en pensant aux végans en train de croquer un radis, ma bibliothèque pleine de livres dont l’intégrale de Marc Lévy reliée en cuir de biche...et le pied de lampe avec lequel  j’assomme mes enfants quand ils ramènent des mauvaises notes de l’école. J’ai regardé tout cela et je me suis dit « oui la nature me manque c’est sûr ! »


 Ah l’odeur de la bouse de vache au petit matin ! Je suis sûr que vous aussi vous vous êtes surpris deja, la narine frémissante, à penser, en toute mauvaise  Conscience, que ça sent bon la merde...


Ah le crapaud sec en parchemin écrasé sur le bitume ! Que vous jetez sur votre épouse goguenard parce que vous êtes un fripon et qu’il faut bien lui faire aimer la nature à son tour ! 


Ah la carcasse de mouton mort qui donne la nausée et qu’on sent à six lieux de là... Mais qui va vous permettre de retrouver votre chemin « à la narine » quand vous vous serez égarés dans les bois...


ahh les chasseurs cretins qui veulent te tirer dessus parce qu’à 85 ans tu vois, un Boris et une biche c’est voisin... 


Ah  les scouts perdus qui errent dénutris dans les taillis épais où ces cons ont voulu construire une cabane en bois dans le brouillard ... Et  Émile Louis en ballade avec un grand sac et une pelle..et le groupe de scout qui crie que Jojo il a disparu depuis ce moment où on a croisé le grand monsieur avec une pelle...


Oui j’aime la nature 


Mais vous voyez c’est un amour immodéré fait d’un festival de boue gluante (celle qui passe pas à la machine et qu’il faut gratter avec les ongles pour l’enlever. Et vous avez déjà vu un ongle à vif saigner vous ??), d’une bonne rasade d’herbe urticante (la démangeaison part de la cheville et remonte si haut que je dois censurer mon propos car il y a des gratouilles indicibles), et d’une bonne engueulade en famille quand vos deux enfants finissent sur votre dos à la fin parce que vous n’avez pas tourné au bon endroit quand vous avez croisé le tumulus avec le monsieur à la pelle en train de tamiser son vraisemblable château de sable.


Oui j’aime la nature.


Mais bien sûr la Covid est le synonyme de privation. Et puis parfois je me sens calviniste : je vois comment je pourrais me faire du bien en copulant avec la nature dans un lyrisme sans borne, nu, poilu, hirsute enfin, les pieds dans un marécage à sec....celui de la photo par exemple. 


je vois comment je pourrais me faire du bien donc et je renonce. Calviniste même pas en Calvin Klein.


Jogging charentaise je reste chez moi. J’aime la nature mais de loin


8 commentaires:

  1. Moi aussi j’aime la nature. De loin quand elle ne sent pas bon cela va sans dire.
    D’ailleurs, faut que je m’achète des bottes en caoutchouc pour reprendre mes balades... car vu le temps, elles vont être boueuses.

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    1. Je veux te voir en bottes de caoutchouc. Ça me rappèlera Charlotte aux fraises (remember that)

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  2. En revanche, batifoler dans la nature... ça oui ça me manque ! (Mais sans Emile Louis hein)

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    1. "batifoler dans la nature" ! Eh bé ... !

      batifoler
      verbe intransitif
      S'amuser à des jeux gais, légers

      Ah ben pas de "eh bé" du coup !

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  3. Quelques bons plans au milieu des bois : souvenirs....

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  4. Ayant grandi à la campagne, je peux témoigner de la bonne odeur de la bouse mélangée à la paille pas tout à fait sèche 😂 La nature me manque pour voir les étoiles sans la pollution visuelle de la ville. Bobiyé !

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  5. Comme disait Guy Marchand (retiré à la campagne) dans une interview il y a quelques années : « Vivre à la campagne c'est : la journée tu t'emmerdes, et la nuit tu as peur… »

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