Synthèse du clavardage militant avec Antoine Varoquié
Candidat de la FFE pour les élections européennes
30 avril 2014
Question de la part de René:
Bonjour Antoine, bonjour à toutes et tous, Question: On parle de croissance pour une sortie de crise mais ne vaut-il pas mieux parler de reprise pour atteindre le seuil du développement durable?
Bonjour René et bonjour à tous. Merci pour vos questions et votre présence...! Nous sommes en faveur d'une croissance durable, qui est le pré-requis d'une reprise de long terme. La coordination de l'effort commun de croissance nous garantit que la reprise sera durable. Il n'y a pas de contradiction entre nos politiques en faveur de la croissance et le développement durable.
Question de la part de Corine:
Bonjour à tous et Merci pour l'initiative. Ma question est centrées sur le marché Transatlantique et les accords qui s'y rapportent. Martin Schulz n'a pas eu le temps de développer tout en signalant que tel quel le traité nécessitait des amendements, lesquels?
Bonjour Corine. La position des socialistes européens est la suivante : un certain nombre de conditions doivent être remplies avant de soumettre le vote final à l'approbation du Parlement.
Ces conditions sont les suivantes, :
- la non-remise en cause de nos choix de société fondamentaux (santé, droit du travail, normes sociales, sécurité alimentaire, etc...)
- la protection des droits de propriété industrielle et intellectuelle
- la préservation de la qualité des services publics
- l'exclusion de la protection des données personnelles des négociations
- le refus d'une clause investisseurs / Etat (pour éviter que les entreprises puissent attaquer les gouvernements devant une juridiction internationale)
En résumé, les socialistes ne pourront accepter de ratifier un traité qui mettrait en cause les intérêts économiques, stratégiques et le modèle social de la France et de l’Europe.
Question de la part de René:
Le retard dans la construction de l’ Europe c ’est le fait que les Pères fondateurs n’ont pas défini un projet à long terme
Oui, René, nous sommes maintenant dans une deuxième phase de la construction européenne. Celle de l'Europe sociale. Les pères fondateurs pensaient que celle-ci se ferait d'elle même. C'était leur vision de long-terme mais elle reste à accomplir. C'est là ce que Martin Schulz et les socialistes européens veulent agir, ensemble. Il ne peut y avoir d'Europe juste sans cohésion sociale, sans croissance commune.
C'est tout l'objet de notre projet de réorientation de la construction européenne. Contre les populismes et le repli sur soi.
Question de la part de Gérard :
Qu'est ce qui différencie Schulz de Juncker et comment on peut vraiment faire la différence avec les Français de l'étranger? Quels sont nos arguments "chocs"?
Merci Gérard. La réponse est simple. C'est la réponse à : "Stop ou encore ?". Juncker est et restera le chantre des politiques d'austérité quand Martin Schulz axe toute sa campagne sur la croissance durable. A l'heure actuelle, nous pouvons constater le résultat des politiques d'austérité en Europe : injuste socialement et économiquement inefficace.
Schulz est un parlementaire, élu démocratiquement, qui rassemble une famille politique unie derrière lui. Juncker est un ex-Premier ministre dont le programme est un paravent pour cacher les divisions de sa famille politique (d'Angela Merkel...à Viktor Orban).
Question de la part de Kargul :
Pouvons-nous réellement passer un accord de libre échange avec un pays, les USA, qui nous espionne d'une façon systématique? De plus, Inquiétude sur le TAFTA/GMT. le parti socialiste est-il d'accord pour qu'aucun accord ne soit signé sans une soumission à référendum?
@Kargul: Les garanties démocratiques prévues par les Traités sont suffisantes. Le TAFTA devra être approuvé par la majorité absolue du PE. Ce parlement a prouvé dans le passé qu'il était capable de s'opposer à un accord international comme les accords SWIFT ou ACTA.
Question de la part de Marie-Rose :
Bonjour Antoine, peux-tu nous préciser la portée de l'avancée démocratique que représente l'élection du président de la commission et la particularité du programme du PSE incarné par la candidature de notre camarade Martin Schultz ?
Bonjour Marie-rose : l'élection directe du président de la Commission est une avancée majeure. C'est l'expression démocratique d'une majorité issue des élections européennes. Cette majorité prendra la responsabilité politique des choix qui seront faits par la Commission. Nous changerons l'Europe car nous sommes conscient de cette responsabilité politique. Voilà, ou sera le changement ! J'ai répondu à Gérard sur la question de l'orientation politique de l'Europe : austérité et repli sur soi pour la droite, croissance et développement durable pour les socialistes européens .
Question de la part de Nicolas :
Bonjour Antoine, bonjour à tous. Lorsque nous discutons des européennes ici, en Suède, un thème m'a semblé attirer particulièrement l'attention : l'Initiative Citoyenne Européenne (ICE). Antoine, pourrais-tu nous en parler un peu?
Bonjour Nicolas, question très intéressante. L'initiative citoyenne européenne ICE a été soutenue par le parlement européen. La co-rapportrice était une camarade socialiste hongroise, Zita Gurmai. À ce jour, deux initiatives ont recueilli le million de signatures nécessaires ; la première "Right2Water", soutenue par les socialistes, a reçue une réponse malheureusement frileuse de la commission européenne. Avec Martin Schulz en tant que Président de la commission européenne, la réponse aurait été sans doute différente. La seconde "One of Us", portée par les lobbies conservateurs allemands et italiens pro-life vise à interdire la recherche sur les embryons humains et plus généralement remet en cause le droit à l'avortement dans les pays en développement. Nous avons exprimé notre profond désaccord avec cette dernière.
Question de la part de Didier :
Bonsoir, quel est l'avenir du programme Erasmus?
@ Didier : Erasmus est une des plus belles réalisations européennes. Il reste néanmoins du chemin à parcourir : permettre à plus de jeunes de bénéficier du programme. Nous avons doublé le budget pour Erasmus et élargi les bénéficiaires : aux apprentis, jeunes entrepreneurs et dans l'éducation non-formelle. Nous continuerons à nous battre pour son budget, notamment à l'occasion de la révision du budget pluriannuel, qui aura lieu après les élections européennes. Notre objectif : que ce programme soit plus accessible et soit étendu aux plus grand nombre
Question de la part de Sylvie MR :
Les socialistes européens de Schulz sont pour une europe fédérale mais les socialistes français sont souverainistes (Cf. Hollande au Taurillon il y a un an) Comment comprendre et voter PS si il y a ce double langage constant?
Question de la part de Yan Chantrel :
Bonjour Antoine, une Europe sociale ne se fera uniquement si nous bâtissons une Europe politique, une Europe fédérale. Je suis stupéfait par notre frilosité sur le sujet généralement. Le statut quo n'est plus tenable, Quelle est ta position concernant la revendication d'une Europe fédérale. Merci de ta réponse.
@ Yan @ Sylvie et @ René : Je suis clairement en faveur d'une dynamique fédéraliste dans la construction européenne. Nous devons néanmoins nous poser la question de ce que signifie être socialiste, fédéraliste au 21ème siècle. Je parle de dynamique car je crois qu'aujourd'hui, le fédéralisme est un moyen, pas une simple fin en soi. En d'autres termes, le fédéralisme de certains, notamment à droite et au centre, ne doit pas être le véhicule de ce que nous combattons (ultra-libéralisme et austérité). Il n'y a donc pas selon moi de contradiction sur cette question, mais un débat, qui traverse l'ensemble des socialistes européens. Martin Schulz y apporte une bonne réponse, qui n'a rien de technocratique : l'Europe peut et doit agir au bon niveau. C'est ce qu'on pourrait appeler de la subsidiarité intelligente.
Question de la part de Kargul :
Comment pensez-vous influencer la politique africaine de l'Europe, pour mettre l'accent sur un commerce équitable avec les pays africains, et essayer de corriger les errements passés de l'Europe, du FMI, de la Banque Mondiale, et de la France Afrique ?
@Kargul: nous avons un formidable outil en Europe qui est le tarif extérieur commun de l'UE. Cet outil, nous pouvons l'utiliser pour servir la politique menée par notre Union européenne. Nous pouvons mettre en oeuvre dans nos rapports commerciaux avec l'Afrique des critères sociaux. Seule une politique de gauche peut faire cela et c'est ce à quoi nous nous engageons. Nous stopperons également la réduction constante de l'aide au développement de l'Union vers l'étranger, et ce, notamment au moyen de la Taxe sur les transactions financières, qui alimentera le budget européen.
Question de la part de Jean :
Je sui francais de bulgarie et socialiste et me demande comment Schulz peut faire camapagne avec Stanishev?
Jean, Schulz est également soutenu en Bulgarie par la liste ABV menée par Ivalo KALFIN député européen sortant, responsable pour les socialistes des questions budgétaires dans l’actuel parlement européen et rapporteur sur le budget pluriannuel 2014 – 2020. Ivalo KALFIN était également le candidat soutenu par les socialistes bulgares lors de la dernière élection présidentielle bulgare.
Question de la part de Julien :
A quand une vraie couverture sociale européenne?
@ Julien : L'Europe sociale n'est pas encore là, mais nous y oeuvrons. nos systèmes sociaux sont très hétérogènes. La question de la couverture sociale est évidemment centrale et malgré le mouvement de coordination des systèmes de sécurité sociale (Règlement 883/2004) nous avons déjà une carte européenne d'assurance maladie et certains Etats sont beaucoup plus protecteurs que d'autres. En réduisant les écarts de salaires grâce au salaire minimum européen que nous voulons, nous réduirons les écarts de richesse et donc nous favoriserons le développement de système convergent de protection sociale. La richesse pour tous et une meilleure couverture doivent être liées : c'est notre priorité. Pervenche est à l'initiative d'une avancée sur l'idée d'un revenu minimum vital européen. Dans le cadre d'un budget de la zone euro, nous pensons que devra être créé un mécanisme d'assurance chômage européen.
Question de la part de Amar :
Désir, Peillon, ce sont des camarades qui ont brillé par leur absence au PE. Pourquoi voter pour des listes dirigées par des mecs qui se foutent de leur mandat, c'est à pleurer. T'en penses quoi camarade?
@ Amar : Pervenche Berès est la tête de liste de la liste Ile de France / FFE. Elle est connue pour son engagement sans failles en faveur du socialisme européen. C'est une députée influente et écoutée, et elle n'est pas la seule. Je pense que nous devrions concentrer nos efforts sur les élections à venir et nous mobiliser pour changer la majorité conservatrice et libérale qui sévit en Europe. Nous ne pourrons y arriver qu'ensemble. Les socialistes français ont prouvé sous la présidence de Catherine Trautmann que, même lorsqu'ils sont en effectif moindre (suite aux scores des élections européennes de 2009), ils savent être influents s'ils agissent de concert au Parlement européen pour faire entendre leur voix.
Question de la part de Antoine :
Bonjour, j ai pu échanger avec un député portugais qui indiquait que l'expérience française était parfois utilisé comme argument par la droite pour montrer les erreurs du projet socialiste à l'échelle européenne. Avez-vous eu des remarques dans ce sens dans d'autres pays dirigé par la droite?
Merci Antoine pour cette question. Les partis conservateurs européens utilisent à des fins purement politiciennes les choix politiques et économiques de François Hollande comme exemple pour justifier une cure d’austérité généralisée en Europe. Pourtant la politique du gouvernement français n’est en rien comparable aux réformes imposées par la droite conservatrice dans les pays du sud comme le Portugal, l’Espagne et la Grèce : elles se sont traduites par des baisses drastiques des salaires, par une remise en cause des droits sociaux fondamentaux et des conventions collectives ou encore par une chute de l’investissement dans l’éducation et la santé dans ces pays.
Question de la part de Benedicte :
Antoine, que penses-tu du salaire minimum européen? Est-ce faisable?
@ Benedicte : comme répondu à Julien, l'Europe sociale n'est pas encore là, mais nous y oeuvrons. nos systèmes sociaux sont très hétérogènes. La question de la couverture sociale est évidemment centrale et malgré le mouvement de coordination des systèmes de sécurité sociale (Règlement 883/2004) nous avons déjà une carte européenne d'assurance maladie et certains Etats sont beaucoup plus protecteurs que d'autres. En réduisant les écarts de salaires grâce au salaire minimum européen que nous voulons, nous réduirons les écarts de richesse et donc nous favoriserons le développement de système convergent de protection sociale. La richesse pour tous et une meilleure couverture doivent être liées : c'est notre priorité. Pervenche est à l'initiative d'une avancée sur l'idée d'un revenu minimum vital européen. Dans le cadre d'un budget de la zone euro, nous pensons que devra être créé un mécanisme d'assurance chômage européen.
Question de la part de Nicolas :
Merci Antoine. Je reviens à cette dynamique fédéraliste. Toujours ici, en Suède, où la question européenne n'est malheureusement pas une priorité nationale, pour impliquer davantage les suédois il est souvent présenté le pourcentage impressionnant des nouvelles lois qui seraient d'origine communautaire (votées à Bruxelles). Je ne sais pas vraiment ce qu'il en ait, on parle de 100% pour l'agriculture, mais peut-être pourrais-tu nous apporter ton regard et des conseils sur l'ambivalence de leurs présentations lors de notre campagne européenne locale : comment montrer que nous sommes tous concernés sans pour autant inquiéter?
@ Nicolas : La primauté du droit communautaire sur le droit national est effectivement un argument mais qui peut-être accompagné par une présentation de ce qu'a concrètement apporté l'Europe aux citoyens suédois en l'occurence: paix, sécurité, prospérité et développement économique, liberté de circulation, influence à l'échelle internationale, droits pour les citoyens européens dans d'autres États membres... il s'agit d'une construction difficile, qui connaît crises et ralentissements. On ne trouvera une solution que dans un engagement fort des citoyens par leur participation aux élections.
De plus, l'élection du Président de la Commission par le Parlement européen est une avancée et un argument fort pour expliquer que la voix des citoyens compte vraiment.
Question de la part de René Maret Milan :
Une partie de la solution du problème de l’ immigration c’est de créer un très grand projet de développement économique et social pour l’ Afrique.
@René : Il faut effectivement renforcer nos liens économiques et sociaux avec l’Afrique, notamment grâce à la politique migratoire. Malgré les forts taux de chômage qui subsistent en Europe, de nombreux secteurs d’activité connaissent de graves pénuries de main d’œuvre. Ouvrir de nouvelles voies d’immigration légale est l’une des solutions à cette situation, c’est aussi une nécessité pour relancer la croissance des deux côtés de la méditerranée. Nous devons également renforcer notre coopération avec les pays tiers notamment par la mise en place de nouveaux partenariats pour la mobilité, de mesures d’assouplissement et de simplification du régime des visas (qui permettraient de renforcer l’activité économique et la création d’emploi), et des mesures d’aides au développement (l’UE est d’ailleurs le premier donateur mondial en la matière).
Excellent billet !
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