lundi 11 octobre 2021

« Une arabe en France » un essai à lire

 « Une arabe en France ou l’anti-racisme pour tous »


Il y a l’anti-racisme militant. Celui que j’ai pratiqué jeune militant. Je criais « F comme fasciste et N comme Nazi » dans les rues d’Aix en Provence. Ai-je réussi à convaincre un seul électeur du FN à renoncer à son vote extremiste ? Pas si sûr. 


Et puis il y a l’anti-racisme de la psychiatre Fatma Bouvet De La Maisonneuve. Un anti-racisme documenté, vécu, expliqué clairement à tous. 

Quand on a fait face aux préjugés dans son propre milieu professionnel, quand les médecins étrangers sont cantonnés à un statut inférieur par rapport aux médecins aux diplômes français, on touche le lecteur, car le propos est à la fois engagé mais sans ressentiment. Voilà une femme tunisienne amoureuse de la France qui en parle à la fois avec tendresse et sans complaisance. Car il y a des racistes en France évidemment. Mais que nous ne sommes pas ontologiquement ni structurellement racistes en tant que peuple n’en déplaisent aux indigénistes. 


Quand on regarde la société d’accueil comme Fatma avec ce regard pertinent, on ne peut que convaincre ou interpeller ceux qui ont la tentation du rejet de l’Autre. C’est mieux qu’un slogan et mieux qu une manifestation ! En tout cas ce livre oblige à réfléchir plutôt qu’à crier. 


J’ai la chance de connaître Fatma, une républicaine et féministe engagée, une ecrivain, femme de plume et femme de cœur.


Ce qu’elle dit dans ce livre sur les différents préjugés qui existent envers les femmes arabes me touche : elles ne sont pas condamnées à la soumission ou au statut de courtisane sorties des mille et une nuits ! Abandonnons nos clichés. comme Fatma je sais que Bourghiba a donné un statut aux femmes tunisiennes sans commune mesure avec celui d’autres sociétés arabes. Fatma nous rappelle cependant celles et ceux qui ont été à l’origine de ce combat. Il en reste d’autres à mener. Elle revient sur la question du voile, sans hysteriser le sujet et en expliquant pourquoi elle est contre mais pourquoi on ne doit pas systématiquement s’enflammer quand on l’évoque. 


La sagesse de cette intellectuelle me plait : elle oblige à la rencontre de l’Autre sans faux semblant, à se poser la question des différences culturelles mais aussi à poser les fondations de ce qui relient nos peuples voisins qui se côtoient et se nourrissent les uns des autres des deux côtés de la Méditerranée depuis des siècles. 


Au fond Fatma nous offre la possibilité de sortir de nous et de devenir comme elle « une arabe en France » l’espace de cette lecture que je ne saurais trop conseiller.


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