dimanche 3 octobre 2021

Moi, Tapie m’a fait rêver

 Je les connais les professeurs de vertus, ceux qui vous diront Le Crédit Lyonnais quand vous leur parlerez de Bernard Tapie, ceux qui conchieront l’homme d’affaire sans scrupule quand vous leur direz votre admiration pour le combattant du crabe.


Moi Tapie je l’ai admiré. J’avais 19 ans et mon premier meeting politique c’était avec lui sur une estrade de la banlieue d’Aix-en-Provence, avec Alain Bombard et Edmonde Charles-Roux aussi. Oh j’ai conscience de parler d’un temps que les moins de 20 ans regardent avec l’empathie d’un cure-dent. On était en 92 et Énergie Radicale avait présenté une liste aux régionales. Face au PS ! Et j’avais voté pour eux. Un radical le Nanar. Un bateleur de foire. Un stentor capable de mettre en scène sa réussite en affaire  et de poser en sorcier de l’économie qui a des solutions pour sortir du chômage de masse. 


Comment oublier qu’il a apporté une coupe d’Europe à la ville phocéenne et que lui le petit parisien a incarné cette cité d’excès, cette cité canaille mieux que n’importe quel autre de ses enfants ? L’OM c’est Tapie pour toujours. 


Alors, ministre de la ville de Mitterrand il a soit disant abaissé la politique ? Mais parce que vous pensez que d’aller affronter Le Pen sur un plateau télé au temps de sa superbe ce n’était pas un exploit ? Le mec parlait au peuple. Non pas que le peuple soit plus con que la moyenne. Mais parce que parler fort à coups d’uppercuts rhétoriques parfois ça marque plus qu’un calcul de croissance au tableau noir. J’étais rocardien à tendance tapiste.


Je me rappelle de lui chantant le Blues du Business man, de lui en smoking avec son sourire de squale qui n’oubliait pas d’être tendre, de lui capitaine de l’équipe cycliste de la Vie Claire.


De tant d’autres choses aussi. 


Moi entre une soirée avec Stephan Hessel et un apéro avec Tapie j’aurais pris - pastis Cahouette - un moment avec ce bonhomme qui ne laissait personne indiffèrent - je n’aime pas cette expression valise mais je n’en vois pas d’autres à utiliser - 


Il savait raconter sa vie, parfois il la Romançait bien sûr, il racontait aussi « des craques » et des bobards, au fond c’était le tonton bruyant qu’on revoit pour les noces de la cousine Edwige, qu’on aimerait éviter mais qui nous ramène dans son sillage... au point que l’on finisse avec lui bras dessus bras dessous jusqu’à la fin de la nuit.


Tapie a connu la fin de la nuit. Ce mec est une étoile brillante. Il trouvera bien la combine pour faire encore parler de lui.


Merci Bernard. Ciao Président. Et à


jamais les premiers n’est-ce-pas ?

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