« Mon anglaise introuvable »
j’ai vécu une année universitaire dans un étage peuplé d’étudiantes en droit britanniques. La journée elles étaient droites et studieuses. Presque Polies. Certaines faisaient même l’effort de nous saluer en Français en allant à la douche. C’est dire le stade avancé de cette entente alors cordiale entre nos deux peuples qui marquaient là une trêve prolongée dans la longue histoire belliqueuse de nos rapports envenimés de taquineries polymorphes.
Il y avait le tea time plusieurs fois par jour. Un rituel sacré. Et à partir de 19h l’apéro time qui se prolongeait jusqu’à trois heures du matin généralement au terme d’une virée en ville et d’un retour aviné après minuit. Je me rappelle d’une irlandaise au cou de bison dotée de biceps impressionnants. Je crois qu’elle aurait pu avec son bras m’étrangler sans effort tout en siphonnant l’air de rien sa 5eme pinte de la soirée. Il faut aussi que je vous parle de Kate. Une petite blonde ultra-chic comme sortie d’Eton college. Elle ne saluait pas dans les couloirs. Elle avait toujours le nez en l’air. En mode snobinarde de Cambridge. Elle avait des orgasmes si bruyants qu’elle réveillait tout l’étage. J’ai longtemps cru qu’elle avait des visées sur ce malheureux Robert qui la couvait du regard et habitait un pavillon voisin. Je crois qu’elle aurait couché avec toute la cité universitaire pour faire lanterner un peu plus ce pauvre Robert à la mine longue et triste.
C’était y a 25 ans environ. En ce temps-là personne ne parlait d’islamo-gauchisme, on n’était pas racisé, et on ne pratiquait pas l’intersectionnalité non plus. J’avais deux passes-temps favoris : enchaîner les romans de Stephen King et draguer mes voisines anglaises et irlandaises. En pure perte pour ce qui concerne mes amies britanniques.
Cette nuit j’ai rêvé d’une anglaise. J’essayais de manager un groupe de jazz tout en me disant que ces quatre gars là allaient me faire perdre mon temps et mon argent. Je faisais cela pour LA fille qui les accompagnait. Une rousse incendiaire a l’allure distinguée. Pendant la grande partie de mon rêve je n’ai osé l’approcher. Puis en fin de nuit je lui ai parlé. Elle portait une robe vert bouteille en velours. Je pensais que c’était la petite amie du batteur. Et bien même pas. Je crois qu’elle sortait tour à tour avec les 4 musiciens.
J’ai compris qu’elle était anglaise à deux indices : son accent. À l’évidence britannique. Et puis sa confession : elle m’a dit qu’elle portait un string sous sa robe. Et que d’ailleurs elle ne mettait « que des ficelles » (je cite) pendant toute l’année. « Even en hiver »
Il y a manifestement une supériorité de l’anglaise sur le terrain de l’amour. Ces filles a la carnation improbable d’endive pâlichonne tiennent la dragée haute à nos petites françaises qui usurpent un peu cette réputation de ravageuses des cœurs à l’international.
Je me suis réveillé trop tôt pour savoir si mon anglaise stringuée aimait les pseudo managers de groupe.
Il y a 25 ans c’est mon ami Jérémie Ruskacerte qui noua une idylle avec la belle Hélène. Elle venait de l’université d’exeter. C’était un rêve éveillé pour lui. C’était la réconciliation de Napoleon et de Wellington, du vin français et de la bière anglaise.
Mon anglaise à moi reste introuvable à ce jour.
Je vous pardonne votre goût pervers pour les déplorables bouses romanesquoïdes de Mr King en raison de la photo que vous affichâtes, de la sublime Kelly Reilly.
RépondreSupprimerMais ce sera la dernière fois !
Je lisais en réalité beaucoup de choses variées. Mais le côté addictif des S King m’est resté longtemps comme goût acquis. Le goût des anglaises m’est un peu passé. Surtout après avoir vécu en Pologne :)
RépondreSupprimerLa Pologne... souvenirs de déplacements professionnels... et là la règle : ce qui se passe en déplacement reste en déplacement.
SupprimerMoi, dans le temps (1985), j'ai épousé une Polonaise. Mais c'était un mariage blanc pour lui rendre service, donc je ne sais pas si ça compte.
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