Politique de l'offre ? certains d'entre nous se disent pourquoi pas ? d'autres crient à la trahison et au reniement.
je préfère y voir d'abord un virage :
Virage politique et économique tout d'abord, car la politique de l'offre n'a jamais été abordée dans le discours du Bourget, qui reste de l'aveu même de François Hollande sa référence majeure en terme d'engagements et de cap politique. Est ce la prise de conscience que les emplois d'avenir et le contrat de génération, deux des mesures phares de ce début de quinquennat, ne suffiront pas à inverser la courbe du chômage durablement ? peut être.
Après le Crédit Emploi Compétitivité, première mesure importante destinée à améliorer la compétitivité des entreprises françaises et dont le cout est évaluée à plus de 30 Milliards d'Euros sur le quinquennat, le pacte de compétitivité est la deuxième mesure phare à destination des entreprises :
La terminologie interroge collectivement comme le contenu du pacte, encore flou :
Employer le terme de "charges" quand on parle en fait de "cotisations sociales" provoque évidemment des frissons dans le dos de bon nombre de socialistes qui auraient préféré l'emploi d'une autre rhétorique.
Combien coutera cette mesure ? Certainement beaucoup aux familles, si ce sont les cotisations familiales aujourd'hui payées par les entreprises qui sont diminuées nettement. Deux choix s'ouvriraient alors : Compenser les baises de cotisations familiales, et dont la perte de ressource induite pour le financement de notre politique familiale, par une réforme des allocations familiales. Autre solution, prévoir un autre mode de financement, plus nettement axé sur les salariés ou les ménages :
Dans les deux cas, à l'heure où notre courbe démographique, une des plus hautes pour l'instant d'Europe, donne de légers signes de ralentissement, le choix économique fait par François Hollande parait comme particulièrement audacieux, car c'est évidemment un choix à risque qui pourrait impacter bon nombre de ménages si la baisse des cotisations familiales au niveau des entreprises était doublée par une baisse du montant des allocations familiales versées lou une hausse des cotisations salariales et/ou des taxes.
"Grand tournant" libéral alors ? Il est encore trop tôt pour en juger mais la question mérite à ce stade d'être posée :
Sans "grande remise à plat" fiscale, qui concernerait tant les ménages que les entreprises, qui irait vers plus de progressivité de l'impôt et une traque sans pitié de la fraude fiscale (qui représente 80 Milliards en France environ et 1000 milliards dans l'Union Européenne), le bilan du quinquennat socialiste à venir aurait trop tendance à ressembler à une politique Blairiste en mode "troisième voie". Entre une politique budgétaire restrictive et une politique de l'offre maximaliste, difficile de retrouver là une voie réellement "socialiste" de la gestion de l'économie.
Au delà des inquiétudes ou des interrogations, une leçon de relativisme historique s'impose cependant :
Prêts à changer de cap ? les socialistes le sont depuis 1983. Convertis aux logiques de marché ? les socialistes le sont depuis Michel Rocard. Pragmatiques ? ils le sont depuis Lionel Jospin.
Peut être sommes nous en fait tous devenus depuis longtemps socio démocrates à notre corps défendant.
Mais nous réveiller socio-libéraux dans 3 ans nous laisserait sans doute stupéfaits et peut être défaits si ce quinquennat n'aboutissait à aucuns résultats majeurs sur le front de l'emploi, si la gauche échouait en employant une méthodologie de réforme qui ne lui ressemble pas.
Restons donc vigilants sur les contreparties qui seront à obtenir des entreprises. Restons ambitieux sur la politique de remise à plat fiscale. Restons raisonnablement confiants sur les résultats à attendre de cette politique.
Tachons donc de rester socialistes quoi qu'il en soit. Car le socialiste ne se construit pas seulement depuis l'Elysée.
Amitiés
Boris FAURE
1er secrétaire fédéral
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