jeudi 6 mai 2021

ces arbres foudroyés

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 À mon père, ma mère et ma sœur. À mes amies de Saint-Genies. En souvenir de notre peuplier - 


La tempête perfide a allongé les arbres de mon parc comme un amant violent ferait basculer brusquement une belle dans sa couche.


Vent satyre, vilain zéphyr, tu seras dénoncé, pour toi j’inventerais un balance ton port puisque mon arbre est sans amarre désormais et qu’il flotte au vent de ses branches démembrées, balloté par la tempête puis esseulé dans la douleur d’une grosse branche mutilée. 


Je suis l’Idefix de mon coin de verdure arboré, comme ce chien dessiné je me vais éploré quand la tempête massacre l’intégrité des géants de bois qui surveillent chacun de mes pas de promeneur de Woluwe.


Ces géants sont pour moi le souvenir des arbres de mon enfance, le grand peuplier de la cour de la Cité dont je dénudais l’or des racines de mon coutelas de petit rahan méridional.


Si tu vas mal et si le ciel te semble absent, si ta belle s’en est allée si le sort devient contraire, si la dépression tel un serpent constricteur s’enroule autour de ton torse et coupe ton souffle, choisis un arbre à regarder .


Il y a dans sa futaie l’appel au ciel et dans ses racines le souvenir de la terre qui nous a donné vie à tous, nous les singes pensant qui sommes descendus de l’arbre pour ensuite la fouler, fiers et droits sur nos pieds. 


Protège ton arbre de la tempête et même impuissant face au zéphyr pense à ton arbre quand le vent souffle la nuit, quand le volet claque et quand la branche craque cédant enfin au vent après une longue lutte :


Cet arbre c’est toi. Puissant et fragile, tourné vers le ciel et courbé vers la terre, cet arbre c’est toi, immortel quand tu mélanges tes pensées au vent et défie la tempête. Cet arbre c’est toi, ta famille biologique et un peu de cette humanité en arborescence infinie qui de Lucie jusqu’à aujourd’hui nous ramène à la splendeur de l’arbre quand il ondule dans le souffle du temps.

1 commentaire:

  1. Excellent billet politique. Tu as raison. La démocratie, c'est le gouvernement du peuplier, par le peuplier, pour le peuplier.

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